« Lorsqu’elle voyageait, ce qui était exceptionnel, elle commençait tout de suite par visiter la bibliothèque, car aucun endroit ne lui plaisait davantage. Bien sûr, cela faisait d’elle quelqu’un d’un peu obsessionnel. On dit qu’on n’oublie jamais sa première fois, et c’était tout à fait vrai de Nina. Entrer dans la bibliothèque centrale de Los Angeles pour recevoir sa première carte de lectrice, quand elle avait environ huit ans, était l’un de ses souvenirs les plus précieux. Le hall d’entrée n’avait rien à envier à une cathédrale, et Nina, regardant autour d’elle, avait soudain compris qu’elle ne serait jamais en panne de lecture. Cette idée l’avait emplie de paix et de satisfaction. Peu importait quelles merdes lui réservait la vie : du moment qu’il restait des livres à découvrir, elle s’en sortirait. Être entourée de livres, c’était comme appartenir à une bande. Les livres étaient là pour elle, et la non-fiction, en tout cas, était prête à se battre au besoin.
(…)
« Un autre mur était consacré aux livres que Nina avait déjà lus, et qui bien sûr étaient rangés par ordre alphabétique d’auteurs puis par date de publication. Quelques années auparavant, pour se remettre d’un chagrin d’amour, elle avait acheté un petit tampon, des fiches de bibliothèque et des pochettes à coller dans les livres. Elle avait passé cinq week-ends d’affilée à ranger sa bibliothèque. Il s’était avéré que son cœur était juste un peu ébréché, pas brisé, et que cinq semaines était la durée exacte nécessaire pour s’en rendre compte à force de distraction. En plus, elle savait désormais combien de fois elle relisait chaque livre, et à qui elle le prêtait, dans les rares occasions où elle pouvait accorder sa confiance à un ami. »
Extraits de: Abbi Waxman, « Comment être aussi cool que Nina Hill. »