Récemment, je suis tombée sur un bijou de petit ouvrage à saveur humoristique, représentatif de la tradition British, à la fois suave et émouvant.
Il s’intitule « The Complete Book of Aunts ». Son auteur est le critique Rupert Christiansen.
On y disserte des « tantes » de toutes sortes qui ont égayé nos vies, qu’elles aient été exotiques, littéraires, ou héroiques, des succédanés de mamans absentes ou peu affectueuses, d’infatigables globe-trotters (comme dans « Voyages avec ma tante », de Graham Greene) ou des intrigantes aux moeurs légères, yeux cernés de khol et cigarillos au bec… Ce délectable ouvrage dégage une saveur surannée absolument irrésistible, un je-ne-sais-quoi de charmant au possible… Merci, Rupert!

J’ai eu moi aussi des tantes mémorables, deux soeurs de mon père qui occupent une place unique dans mon imaginaire et … ma réalité. J’en profite pour leur rendre hommage aujourd’hui.
Tante Mado
Ma tante Mado, coupe à la garçonne et cigarette au bec, fut l’archétype de la rebelle qui n’en fait qu’à sa tête et vit sa vie comme elle l’entend. Lorsque j’étais petite et habitais encore Ste-Agathe-des-Monts, elle nous emmenait, mon cousin Benoit et moi-même, au restaurant Le Petit Poucet, sur la route de Val-David (je crois). Nous y dévorions poulet bar-b-q et frites, à une époque où les rôtisseries Saint-Hubert n’avaient pas encore ouvert leurs portes. Elle conduisait sa propre voiture, et exerçait le métier d’infirmière, qui exige tout de même de n’avoir pas froid aux yeux… Elle était friande de ski alpin, activité roborative qu’elle pratiquait avec un mystérieux neveu très beau garçon célibataire tout comme elle… Ce célibat partagé en faisait de grands amis, ce qui alimentait bien entendu maints ragots et potinages familiaux.
Parlant de coupe à la garçonne, elle me fit couper les cheveux ultra-courts à l’âge de 6 ans, ce qui ne plut pas du tout à ma pauvre mère, car cela contribuait à me donner un look « non-genré » bien en avance sur son temps…
Nous adorions tante Mado, car son excentricité et son audace nous ravissaient.
Tante Hélène
Ma tante Hélène, soeur de mon père, est bâtie sur un modèle unique au monde. Agée de près de 90 ans, elle continue à se déplacer en transport en commun pour rendre visite aux hospitalisés (i.e. Bibi) et aux personnes seules, telles que ses soeurs Mado et Margo dans leurs dernières années de vie. Elle habite avec d’autres membres de sa congrégation dans une petite maison du quartier Côte-des-Neiges, dont le sous-sol est consacré à l’entreposage de denrées à l’Intention des nouveaux arrivants.
Cette femme exceptionnelle est d’ailleurs accourue à mon chevet alors que je me trouvais aux soins intensifs, il y a 10 ans de cela.
Elle est un exemple de foi vibrante et d’altruisme profond.
Tante Hélène, je t’aime et te remercie. Je sais que tu pries pour nous toutes et tous, combattants du quotidien qui manquons parfois de courage.